Le barman du Ritz

Le barman du Ritz

Le Ritz est un mythe, un monument qui résiste au temps et à la folie des hommes. Théâtre de l’Histoire en marche, il voit se jouer entre ses murs capitonnés drames et comédies, de la galerie au bar où Franck Meier concocte ses cocktails avec maestria (« L’attention au détail, l’art du service, le bon mot pour chacun et la disponibilité pour tous »).

Sous l’occupation, le Ritz est un biotope atypique où se croisent toutes les espèces et s’épanouissent toutes les natures de courage, toutes les nuances de trahison (« Le monde du dedans, celui du Ritz, avec son faste, son confort et ses carnassiers, le monde du dehors, celui de la faim, du froid, et de l’humiliation »).

Arletty, Guitry, Cocteau, Chanel, Hutton, Jünger, tous les parvenus, tous les officiers de la Wehrmacht s’y offrent une parenthèse enchantée, s’y donnent l’illusion du bonheur (« Telle est la vocation d’un palace : un palais de conte de fées où le rêve ne doit jamais s’interrompre »).

Il faut se méfier des apparences. Tous portent des masques, et le talent de Philippe Collin consiste à ne les tomber qu’au dernier moment. Le Ritz sous l’occupation est à l’image de cette France hésitante, tantôt soumise, tantôt rebelle, entre la nécessité de survivre et le sentiment d’œuvrer pour la postérité. Ils sont rares les résistants de la première heure, telle Blanche Auzello, que l’auteur vénère à juste raison.

Un récit passionnant et documenté qui nous replonge dans cette sombre période de notre histoire, révélant au passage quelques terribles secrets (pages 202, 237, 289, 312).

Je n’ai désormais qu’une envie : siroter un Daïquiri au bar Hemingway.

Bilan :🌹🌹

Terrasses

Terrasses

Vivarium

Vivarium