L'art de la joie
La route qui mène au paradis de la lecture est semée de ces pavés, de ces chefs d’œuvres intemporels qui épuisent en une histoire tous les sujets et toutes les émotions. L’Art de la joie entre dans un panthéon où figurent L’homme dé, Le maître et marguerite, Cent ans de solitude, Shantaram… (liste non exhaustive).
À quoi reconnaît-on un chef d’œuvre ? À cette sensation jubilatoire que tout ce que vous recherchiez est contenu dans un seul livre, au sentiment que beaucoup d’auteurs y ont glané leur inspiration : ici, Franck Bouysse, Marcus Malte, Cécile Coulon… (ce qui n’enlève rien au talent de ces auteurs).
Le personnage principal, Modesta, est d’une grande modernité, furieusement libre, maîtresse de son destin, à l’aise dans son corps comme dans son cœur, interdisant à qui que ce soit de lui dicter ce qu’il faut dire ou penser. Une femme qui se donne à celles et ceux qui lui apprennent - à baiser (Carmine), à nager (Carlo), à rouler à moto (Mattia), à psychanaliser (Joyce), à se débrouiller en prison (Nina) ou à mieux regarder sa terre natale, la Sicile (Marco).
En racontant sa vie incroyable, Goliarda Sapienza refait l’histoire d’une Italie qui, derrière soleils et sourires, cache de violents tourments, entre fascisme et dérive mafieuse, bâtards d’une même disgrâce.
Pour être objective, je pense que ce livre de 800 pages aurait pu en faire 150 de moins mais comme disait ma grand-mère : « ce n’est pas forcément en prenant les raccourcis qu’on profite le mieux de la balade ». Bien vu mémé ! L’art de la joie, c’est du slow reading et ça remplace aisément 3 ou 4 romans prétentieux et nombrilistes de la prochaine rentrée littéraire.
Bilan : 🌹🌹🌹