Classé sans suite
Je n’ai malheureusement pas accroché. Le sujet était prometteur : une petite-fille de déportée (Luisa) a la responsabilité de monter un musée consacré à la paix, selon les vœux de son emblématique fondateur. On peut refaire l’histoire du monde en étudiant l’histoire des armes. C’est fascinant de voir une nation l’emporter sur un simple avantage technologique, pour un fusil à plus longue portée, ou pour un tank aux chenilles plus larges.
Il y a deux récits qui avancent simultanément dans ce livre : une visite du futur musée, salle par salle, et l’histoire de la famille de Luisa. Pour apprécier le premier, il faut avoir l’esprit vide-grenier (de la mémoire), aimer les diversions incessantes. Elles peuvent être passionnantes comme la révélation des crimes de droit commun pendant les bombardements de Londres ou Trieste, qu’elle collabore ou qu’elle se libère. Mais sinon, ça tire dans tous les sens. À vouloir toucher tous les sujets, l’auteur n’en atteint aucun. Beaucoup trop de balles perdues. Et ces métaphores guerrières systématiques, ces descriptions sans fins, verbalistique ! Comme dans American Psycho, les lectures de notices, moi, ça ne m’emballe pas. J’ai eu l’impression de subir la logorrhée d’un ancien combattant bourré, impossible à suivre dans ses élucubrations.
Quant au deuxième récit, celui d’une famille juive emportée par le destin, il est confus parce qu’entremêlé à la question de l’esclavage (noir) – ça fait beaucoup. Quitte à lire une saga sur le peuple errant, autant choisir la fresque d’André Schwarz-Bart.
D’un fait méconnu (une chambre à gaz en Italie), Claudio Magris a construit un pensum. J’ai eu, un peu comme pour la guerre, une impression de gâchis.
Bilan : 🔪