La chaleur
Ce « Chaleur » m’a fait suer, d’autant que l’auteur abuse du mot. Il en fait usage à presque toutes les pages, comme si les lecteurs n’avaient pas lu le titre… Le point de départ de cette histoire est grotesque. Un adolescent assiste au suicide d’un inconnu qui a choisi les cordes d’une balançoire comme mode opératoire. Non-assistance à personne en danger présumé. Ensuite, il enterre le corps au bord de la plage, espérant que des gamins ne tombent pas dessus en faisant leurs pâtés. Zéro crédibilité. Il arrive que la réalité dépasse la fiction, je peux l’admettre. Pas plus tard que cette semaine, en Italie, des badauds ont rigolé au passage d’un train qui écrasait un immigré albanais, immortalisant même l’accident avec leur smartphone. Mais bon… D’abord, j’ai pensé que ce livre était une métaphore de l’indifférence qui caractérise notre société contemporaine. J’ai cru ensuite que cette histoire était une sorte de rêve éveillé, dont un psychanalyste lacanien ferait la lumineuse interprétation (sauter au cou, j’ai tout fait/j’étouffais). Oui mais non, la mort d’Oscar (le suicidé) glisse comme une ombre sur l’été du héros, Léonard, personnage inconsistant, amorphe (caricature de l’ado), amoral (immoral eut été plus intéressant), incapable de décider quoi que ce soit. Du roman social, manifeste d’une génération perdue, j’ai peu vu (autant lire le Goncourt de l’année dernière). J’ai surtout eu l’impression de lire l’énième version des amours de vacance d’un jeune homme, dans un style qui n’a rien d’inoubliable. Un roman vite lu… et enterré.
Bilan : 🔪🔪