Célèbre

Célèbre

« La célébrité est une drogue dure, un monstre féroce ». Pour le dompter, il faut lui laisser un morceau de son âme, lui sacrifier son intimité. Tout est dit dès la première page du roman. Dans les 532 pages suivantes, Maud Ventura va consciencieusement disséquer la bête. C’est la force de ce roman (son exhaustivité) et sa faiblesse (son côté démonstratif).

La célébrité est donc cet animal qui se nourrit du besoin de vengeance (p38) et de la frustration (p108). Cléo Louvent, l’héroïne, bouillonne d’ambition et de certitude dès son plus jeune âge. Ce roman est un manifeste des adeptes de la « visualisation positive » dont se réclament Jim Carrey ou Conor McGregor.

La célébrité n’est pas la juste récompense d’un génie spontané mais la résultante d’un labeur ingrat, du calcul et de l’opportunisme (pages 68, 144 et 226). Maud Ventura casse le mythe et fait de la renommée une saleté que la jeunesse rêve d’attraper.

Le livre est bien construit, instructif, dans un style fluide, presque trop sage. Il manque le petit grain de folie qui sied aux excès que l’auteure expose (exception p514). Ça ne gâche pas le plaisir de la lecture, avec son final jouissif (mais crédible ? Cf. personnalité de John).

Les stars sentent bon et s’enferment dans des tours d’ivoire. Leur notoriété les isole du monde, puis d’eux-mêmes. Elles payent un lourd tribut. Dans le cas de Cléo, starification est synonyme de scarification.

Un roman à mettre entre les mains des naïfs en quête d’une gloire factice.

Bilan :  🌹🌹

Long Island

Long Island

Kiffe kiffe hier ?

Kiffe kiffe hier ?