Ultramarins
Au premier abord, c’est une histoire de paquebot qui file vers les Antilles, chargé de containers multicolores, tels des briques de Légo s’entassant pour aller former l’édifice triomphant du commerce globalisé. La commandante du navire, elle-même fille de commandant, a commis l’erreur de partir en mer avec trop d’inconnu dans la tête. Tout semble normal et pourtant, la brume s’épaissit sous des latitudes incongrues. Et que penser de ce passager clandestin aux yeux trop clairs ? Doit-elle en accepter l’étrangeté, alors que tout semble lui échapper, que l’irrationnel s’invite à bord de son esprit bien rangé, formaté par la force de l’habitude ?
L’intérêt de ce livre ne réside pas seulement dans l’évocation onirique de la navigation et de ses aléas. Il tient aussi aux allégories qu’on y croise. La commandante est cette mère tenue de garder le cap pour rassurer ses enfants (les 21 marins). Pas question de flancher ni de lâcher prise. Elle est aussi l’expression d’une féminité assumée, dans sa force comme dans sa fragilité, combattante dressée face au danger, tantôt représenté par la nature capricieuse, tantôt incarné par ce monstre de fer dont elle a l’impression d’avoir perdu le contrôle.
De très beaux passages (pages 29, 106 et 124), un léger parfum de mystère et l’impression, au terme de ma lecture, d’avoir un peu voyagé.
Bilan :🌹