Immortels

Immortels

Camille Kouchner poursuit sa critique de la société de ses parents, en des temps où l’exigence de liberté a entériné la domination des uns et l’humiliation des autres.

Dans « Immortels » l’autrice raconte cette gémellité acquise, cette amitié fusionnelle qui l’attache à Ben, petit mâle intelligent et sensible, qui n’a pas toujours perçu l’oppression psychologique de l’époque parce qu’il s’en accommodait, à son corps défendant. Il ne la voit pas ou il feint de l’ignorer, malgré des agissements d’une lucidité bouleversante (émotion du passage aux pages 130-131). Son ambiguïté condamne une génération entière d’individualistes que la radicalité a mené droit dans la tombe (p202-203). Le voilà pardonné, héritier malheureux de ce vieux monde à la parentalité défaillante, sinon toxique (« Finalement, il nous restera de nos aînés des idées révolutionnaires bien normées : y’a la fille et le garçon. Celle qu’on viole et celui qu’on violente ».

C’est le portrait contradictoire de ces mères contrariées (Suzanne et Béa) que j’ai trouvé le plus intéressant. Féministes par leur conviction politique et leur rejet de la bourgeoisie, soumises par leur sexualité triomphante, elles finissent toujours par baisser pavillon parce que détentrice d’une plus grande sagesse (« C’est le plus intelligent qui cède »).

Elles survivent dans le mépris de ces hommes qui satisfont leur désir émancipateur. Elles sexualisent tout contexte. Le jugement de l’autrice est sans appel : elles sont passées à côté de leur sujet (p59) et nous, leurs filles, nous avons dû composer avec leurs errances et leur lâcheté.

Le fond m’a plus convaincu que la forme. J’attends le prochain roman avec impatience.

Appréciation : 🌹

Sunday Morning

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