L'esprit des vents
L’esprit des vents est un roman qui manque de souffle. François Simon aime le Japon et sa culture. Ça ne suffit pas à faire un bon livre. On ressort avec l’impression d’avoir traversé un grand bric-à-brac japonisant, encombré de souvenirs, de folklore et de clichés. Voulant tenir la promesse de son titre, l’auteur fait constamment référence aux vents, frôlant le ridicule de leurs noms ou de leurs provenances. Tout est vent et du coup, tout s’évente, à commencer par l’intrigue qui s’étiole au fil des pages. Plus on avance vers la fin, plus le destin des deux protagonistes, Ryu et Tateru, perd de son intérêt au profit de personnages secondaires dont l’histoire prend soudain le premier plan. Déroutant autant que frustrant. Dommage car il y a de très beaux morceaux d’écriture : la singularité de Qingdao, la description du Japon meurtri par la guerre ou plus spécifiquement l’atmosphère des rues de Tokyo. Mais, sans surprise, c’est avec la gastronomie qu’excelle François Simon (p204 le magnifique passage sur la tempura d’huîtres, toutes les références à la restauration). Animé par sa passion du soleil levant, excité par l’envie d’en découdre (un projet qui traîne depuis 14 ans), François Simon s’est jeté à corps perdu dans son récit, oublieux de certains fondamentaux : la cohérence de l’histoire, l’épaisseur des protagonistes ou encore, l’usage mesuré des références historiques ou géographiques. Les « remerciements » sont un désastre. Non seulement l’auteur jure au lecteur qu’il s’est fait adouber par de vrais japonais mais il y confesse ses errements et ses hésitations. Si je goûte avec plaisir les critiques gastronomiques de François Simon, je n’ai pas été convaincue par son travail de romancier.
Bilan : 🔪