Les simples
Oh la divine surprise ! Des religieuses bénédictines, des intrigues au couvent, des affrontements entre le clergé séculier et le clergé régulier, l’inquisition et la superstition qui rôdent, tout comme les épidémies mortelles… On ne peut s’empêcher, en lisant le roman médiéval de Yannick Grannec, de penser au Nom de la rose d’Umberto Eco. La comparaison s’arrête là. Dans « Les simples », le malin ne s’incarne pas dans le rire de l’homme, il œuvre au déploiement des sept péchés capitaux. En suivant les aventures de la malheureuse Sœur Clémence, on se souvient qu’au XVIème siècle la connaissance n’était jamais loin de la sorcellerie, et que les puissants étaient prompts à manipuler la crédulité des foules. Le plus grand ennemi des femmes de bonne foi et de bon sens, ce n’était pas Lucifer, prétexte commode aux décisions les plus absurdes, mais l’ignorance. Que de résonnance avec notre monde contemporain ! « Les simples » est aussi un réquisitoire contre la bêtise des hommes et leur refus d’examiner les vérités que la Nature (aujourd’hui secondée par la science) leur présente. J’ai aimé la galerie de personnages, les dialogues empreints de verve et d’esprit, les nombreuses références historiques et la fascinante description des plantes médicinales et de leurs bienfaits supposés (parfois fantaisistes – aveux pleins d’humour de l’auteure). Malgré des longueurs sur la fin et des patronymes de personnages trop semblables (ex : de Sine et de Solines) qui ne facilitent pas la lecture, c’est un roman passionnant où l’on apprend tout en se divertissant. Une qualité si rare qu’il faut la souligner.
Bilan : 🌹🌹