Le mépris littéraire
Camille Laurens, vous avez fait déborder le vase, ou plutôt la vase.
Précision : je ne vous connais pas et j’ai adoré votre dernier roman (« Fille »).
Que vous est-il arrivé ? Détruire un roman qui traite du même sujet que le livre de votre compagnon, en lice, lui aussi, pour le Goncourt ? Vous pensiez passer inaperçue ? Quel aveuglement, quelle suffisance, quel mépris !
Vous êtes l’ambassadrice de votre génération, persuadée d’agir en toute impunité. N’avez-vous pas compris que le monde a changé, que les jeunes supportent mal d’être manipulés ? Vous leur offrez une raison supplémentaire de bouder les livres et de détester ce petit monde, fait d’entre-soi, d’égos surdimensionnés, de magouilles et de faux compliments.
Je rêve qu’un jour Littéraflure soit plus largement diffusé, que ses contributeurs payent leurs livres et qu’ils n’aient d’autres soucis que de faire des commentaires argumentés, sans complaisance ni manigance. Rassurez-vous, c’est un vœu pieux. Je n’ai ni réseau ni fortune. Voyez à quoi tient le désir de liberté, à une grille gagnante de la loterie nationale. Vous pouvez donc continuer à piper les dés… en toute impunité.
Je ne lirai pas le roman d’Anne Berest. Pourquoi ? Pour ne pas être accusée de prendre parti. De ça aussi, je vous tiens responsable, de me priver d’une bonne lecture.
À celles et ceux, Madame, qui, comme moi, sont passionnés de littérature, et qui ont la naïveté de croire que la réussite est indexée sur le mérite, vous devez des excuses.
Et là vous vous dites : pour qui se prend-elle ? Pour personne, Madame, car je ne suis personne. Quand je vois ce qu’il en coûte d’être quelqu’un, je préfère l’anonymat.