Extrême paradis
Depuis Beigbeder et « 99 francs », personne n’avait remis les pieds en Floride avec l’intention d’y foutre le bordel. Clovis Goux s’y emploie avec humour et férocité. Il nous propose une dystopie distillée dans les angoisses et les dysfonctionnements du moment (refus de la mort, affrontements générationnels, populisme, résurgence de la violence et consumérisme débile).
Nous sommes près d’Orlando. Débarrassés de ces petits cons de millenials, les vieux bronzent en paix au bord de la piscine, dans des villages vacances conçus pour leur égoïsme. Hélas, le soleil n’a pas remède à tout. William Boyd, dans « Un anglais sous les tropiques », avait montré combien le spleen s’épanouissait sous des ciels cléments, à la faveur d’une trompeuse accalmie. Les cheveux d’argent s’ennuient dans leur cage dorée. Leurs parcours dix-huit trous ne suffisent plus à les distraire et bientôt, les voilà qui s’adonnent à des activités répréhensibles pour soigner leur dépression chronique.
Didier est ce français parti dans un de ces villages de rêve. Suite à son décès, pour le moins suspect, son fils fait le voyage et mène l’enquête. Il n’est pas au bout de ses surprises.
Le récit est alerte et plein de rebondissements. L’auteur fait un usage judicieux des passages oniriques et s’autorisent de beaux délires (ex. p250). On le sent influencé par sa culture cinématographique. En lisant son roman, on ne peut s’empêcher de penser à des films comme « Brazil » (très clairement !), « The Truman show », « Le fils de l’homme », « Orange mécanique » ou « Get out ».
Le calme est mortifère et la béatitude, l’antichambre de tous les excès. Un beau sujet de réflexion.
Bilan :🌹🌹