Alain Pacadis Plan B
Alain Pacadis ?
« Mesdames, messieurs, je vous prie d’applaudir notre nightclubber maison, Brummel des caniveaux, Rimbaud de la seringue, qui par conscience professionnelle, préfère dormir sur place, à même le sol, plutôt que dans son palace Warholien de la rue de Charonne ! »
Mais quel pied cette évocation de la nuit parisienne des années 70 ! Il faut dire que Charles Salles a choisi le meilleur des guides, un infiltré, un maître de l’underground, un camé nostalgique (« l’opium met de la chaleur là où il y a de la tristesse »), un précurseur du journalisme gonzo à une époque où, d’abord on faisait les conneries, et ensuite on s’excusait, avec classe et sincérité, sans le moindre calcul.
Tout y passe : les manifestations soixante-huitardes en faveur de Langlois, les voyages initiatiques sur les traces d’Alexandre le Grand (on me cause enfin de la mythique passe de Khyber), les touchantes errances de Nico (p130), l’extravagance des travelos mondains, l’impertinence des « Gazolines », les provocations aux dépens des rugbymen du Sud-ouest venus s’encanailler à Pigalle, le triptyque dollar-coke-MTV qui triomphe dans les années 80 (superbes pages 166-173) … Sans oublier le passage lunaire chez Pivot ou ce dialogue d’anthologie avec Chantal Goya, hallucinant qu’on puisse comparer les chorégraphies de ses figurants bon enfant aux fantaisies des drag-queens.
Ça décape, et c’est divin.
Un bon premier roman d’un auteur qui, pour une fois, nous épargne ses chagrins et ses bonheurs de jeunesse pour évoquer ceux d’un oublié flamboyant.
Bravo aussi pour le titre dont les Italiens auront compris la subtilité.
Bilan :🌹🌹