Le pays des autres
« Le pays des autres » est mon dernier produit frais, le roman le plus récent que j’ai acheté dans ma librairie fétiche ici. Après je tape dans ma PAL, j’attaque un stock de livres plus anciens que je me suis promise de lire depuis un an. Je dois l’avouer : je n’avais jamais lu Leïla Slimani. C’est plutôt une bonne chose de commencer par cette saga familiale, car si j’en crois ses sujets précédents, l’histoire des Belhaj augure un changement de registre à 180°. J’ai d’ailleurs ressenti que l’auteure avait parfois du mal à prendre le virage. Virtuose dans les scènes tendues, où tout peut éclater d’une seconde à l’autre, l’auteure paraît moins à son aise quand le calme revient, quand le soleil s’adoucit. On ne peut pas reprocher à Leïla Slimani d’utiliser des clichés parce qu’elle connaît son sujet et que son travail documentaire est exhaustif. Mais, peut-être parce que je connais un peu le monde arabe, je n’ai pas été surprise par les personnages principaux – à l’exception notoire du couple central. Il était attendu qu’Omar, le frère jaloux, file un mauvais coton, que Selma, la sœur à la beauté insolente, paie le prix fort de son désir, et que la petite Aïcha suive un destin qui rappelle étrangement la gamine prodigieuse d’Elena Ferrante. J’ai trouvé les personnages secondaires beaucoup plus intéressants (ex : Mourad, Dragan, Corine). La réussite de ce roman tient non seulement à l’union contre nature de Mathilde et d’Amine, mais aussi à la manière dont Leïla Slimani évoque le racisme et l’inexorable montée du sentiment anticolonialiste. Ce sont des gestes, des paroles, des attitudes… l’air de rien. Leïla Slimani les distille avec maestria. Une chose est certaine, le prochain volet de cette histoire promet son lot de drames. L’auteure excellera à nous en transmettre l’intensité. Vivement la suite.
Bilan : 🌹