Le café suspendu
C’est le premier roman d’Amanda Sthers que je lis, et sans doute le dernier.
Les écrivains français sont souvent maladroits quand ils évoquent l’Italie. « Le soleil des Scorta », par exemple, était un tutti frutti de clichés dont je n’ai pas compris le succès. Sthers ne fait pas exception, ajoutant les erreurs aux banalités. Pour les erreurs, commençons par les insultes ! On ne dit pas « porca ! » mais « porca puttana ! » ou « porca troia ! ». Compliments à l’éditeur. Quand on prétend maîtriser la culture d’un pays, on essaye d’abord d’en comprendre les insultes. C’est la base.
Quant aux banalités, ce petit dépliant touristique n’en manque pas. Tout y passe : la femme pulpeuse sortie de « Boccaccio 70 », l’ombre du Vésuve, les spaghetti alle vongole, Toto, les tailleurs, la coke, la camorra et la lingerie qui sèche aux fenêtres… Au tiers du bouquin, je me suis dit : elle ne va tout de même pas nous fourguer Maradona ? Et bah si !
Évidemment, sous sa plume, Naples est une ville pleine de contrastes et de contradictions : une formule à l’emporte-pièce avec laquelle on peut qualifier n’importe quelle ville. Amanda Sthers a échoué à s’imprégner de Naples comme elle l’explique pourtant si bien p131-132 (rare moment d’authenticité).
Du point de vue du style, l’auteur abuse des formules comme « il avait l’assurance des hommes qui plaisent » (voir aux pages 49, 100, 106, 154 et 173). Quant à son usage des zeugmas, il frise le ridicule : « (…) souillée d’un sperme inconnu et de sa propre folie »
Le seul intérêt réside dans le titre, « le café suspendu », coutume que je vous laisse découvrir si vous avez l’envie (et le courage) d’acheter le livre.
Pour Naples, je m’intéresserais plutôt à Elena Ferrante, Domenico Starnone, Roberto Saviano, Raffaele La Capria, ou Paolo Sorrentino côté cinéma.
Bilan : 🔪