De Niro's game
Hage rime avec rage. À propos de « De Niro’s game ». Un roman emporté par la fougue et le désespoir d’un homme qui a traversé la guerre civile libanaise au mépris de la mort, qui rôde à chaque coin de rue. Les deux héros, Georges et Bassam sont pris dans le tourbillon de ce conflit fratricide et patricide. Les amis d’hier s’entretuent pour l’honneur de leur milice. Il faut oublier le danger et la misère entre les jambes des filles, si la tradition ne les rend pas farouches, si le couvre-feu ne les tient pas recluses. Ils n’ont d’autre choix que de boire du mauvais alcool ou de faire des rêves indécents de fuite en France ou au Canada. Bassam et Georges ont la peur pour compagne, ils la chérissent comme une muse. Elle leur fera commettre l’irréparable et scellera leur destin. C’est un des romans les plus forts qu’on ait écrit sur Beyrouth dans les années 80. Il ne donne pas d’explication de la guerre civile mais il décrit avec une intensité remarquable son énergie destructrice. Un livre à rapprocher des extraordinaires films « incendies » de Denis Villeneuve et « l’insulte » de Ziad Doueiri. Le roman de Hage est mu par un souffle, celui des explosions. Voici un extrait : « le vent me gardait éveillé. Je roulais aussi vite que lui. Encore plus vite que lui. Je fuyais l’espace et le temps, comme s’il s’agissait de balles. La mort ne vient pas quand on lui fait face; elle est pleine de traîtrise, c’est une lâche qui ne s’intéresse qu’aux faibles et frappe les aveugles ».
Bilan : 🌹🌹🌹